L’hiver 2020 fût marqué par les incendies sans précédent en Australie où la biodiversité a payé un très lourd tribut à la gestion extensive de ce vaste territoire.
Pourtant depuis quelques temps, certains chercheurs nous alertaient sur la dangerosité de pratiques « modernes » de la gestion du feu[1]. Les aborigènes avaient des pratiques probablement pluri-milléniales, qui leur permettaient de « vivre dans leur paysage » plus que « gérer les ressources »[2]. Le changement de paradigme est pourtant clair du point de vue du changement sémantique !
Le résultat des incendies, largement médiatisés cet hiver, est une perte profonde et massive de la biodiversité sur ces territoires. Ce qu’il en adviendra ? Nul ne peut honnêtement le dire tant la « modélisation » du vivant et de sa résilience est hors de portée des capacités de calculs fussent-elles colossales des Deep Blue et consorts !
C’est bien une approche systémique qu’il faut avoir lorsque l’on traite du vivant et quelle qu’en soit l’échelle. Joël de Rosnay l’expliquait pourtant déjà en 1975[3] !
Quelles conséquences sur la diversité des végétaux ? Ils sont eux même, rappelons-le, en symbiose avec les champignons et bactéries du sol tout autant qu’avec les espèces médiatiques qui les habitent. Quelles conséquences de la migration de certaines espèces vers des zones normalement « dédiées » à l’homme ?
… Tiens tiens nous y venons …
Toute ressemblance avec une affaire mondiale qui occupe toute la planète aujourd’hui serait fortuite bien sur ?!
Il reste bien évidemment quelques éléments à découvrir[4], mais il semble bien probable aujourd’hui que notre COVID-19 serait né de la rencontre d’une chauve-souris, (porteur sain d’un cousin virus) et d’un Pangolin, (dont personnellement j’ignorais l’existence il y a encore deux mois de cela) !
Les us et coutumes locales, dans des conditions sanitaires déplorables certes, mais éthiques et morales très discutables surtout, ont permis le passage à l’humain à travers le désormais célèbre « patient zéro ».
Nous le vivons à l’échelle planétaire, ce n’est pas un battement d’aile à un bout de la planète qui provoque un ouragan à l’autre bout comme le proposait Edward Lorenz[5], mais une simple agglomération de quelques « bases », autrement dit ce fameux Corona virus, qui a réussi le tour de force de paralyser durablement notre mode de vie moderne.
Tel un tremblement de terre, cette petite chose fait vaciller ce que nous croyions sans doute un socle inébranlable : l’économie de marché.
A la lecture d’un ouvrage fantastique de Marc André Selosse [6], je m’étais souvenu de ce que le Professeur Montagnier disait dans un de ses ouvrages en 2008[7]. Il y expliquait que les virus ou bactéries capables de rayer l’humanité de la surface de notre planète existent d’ores et déjà, en réalité ou en devenir… et la seule chose qui nous préserve de ces « serial killer » …se sont d’autre bactéries et virus avec qui nous vivons en toute fraternité voire symbiose.
Dit autrement, seule la biodiversité dans son entièreté peut nous préserver du « vilain germe » qui, de toutes façons, existe et existera.
A cette époque je m’interrogeais donc sur la pertinence de ces fameux gels hydro-alcoolique qui crânement affichent un taux de destruction des miasmes de 99,9% !
Si nous nous acharnons à tuer tous ces micro-organismes, qu’adviendra-t-il le jour où les 0,01% restant ne seront que les « bad boy » ? Plus de concurrence…. Ce sera une hégémonie totale de ces « mauvais » germes sans plus personne pour faire concurrence !
Alors bien évidemment, il est hors de question de revenir aux pratiques d’entant ou le lavage des mains n’était qu’un luxe dominical, mais peut-être nous faut-il raison garder et ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain en utilisant de façon extensive ces « fameux » gels hydro-alcooliques. L’exemple du rétropédalage, légitime bien qu’un peu tardif, sur les antibiotiques devrait toujours raisonner à nos oreilles.
J’en viens maintenant à cet article paru dans « the Lancet » il y a un an[8]. J’invite chacune et chacun à s’en imprégner. A l’aune de ce que nous vivons, il prend une puissance toute particulière… peut être en avons-nous besoin pour révolutionner le paradigme de notre monde « moderne ».
Pour faire court, cet article pointe du doigt les inepties qui ont émergé d’un mode de consommation débridé et surtout démontre simplement que ce qui est bon pour notre santé est, de facto, bon pour la planète.
Comment envisager effectivement que le blé d’aujourd’hui qui vient de cultures extensives où le sol donne parfois plus de 3 récoltes par an à grands coups d’intrants, soit de la même qualité nutritive que celui cultivé jadis, une fois tous les trois ans, sur la même parcelle ?!
Comment imaginer que le pain aujourd’hui produit industriellement très rapidement, soit le même que celui de jadis, patiemment levé par des levures locales très diverses ?
Alors le pain devient toxique pour de nombreux consommateurs et on trouve un coupable : le Gluten !!! Alors… Arrow sur le gluten !! Lao-Tseu disait : « le sage montre la lune et l’imbécile regarde le bout du doigt »… nous sommes tous des imbéciles.
La lame de fond qui nous pousserait à manger sainement permettrait donc clairement à notre planète de mieux respirer. Alors qu’attendons-nous, pour que chacun regarde vers la lune plutôt que de fixer les doigts des diktats consuméristes ?
Il suffit dés lors de désinventer la publicité, la détricoter gentiment pour nous émanciper collectivement des chaines auxquelles, insidieusement elle a arrimé nos esprits.
Que déciderons-nous de faire…? Ne serait-il pas temps de nous indigner[9] ?
[1] Justin J. Perry et al., « The divergence of traditional Aboriginal and contemporary fire management practices on Wik traditional lands, Cape York Peninsula, Northern Australia », Ecological Management & Restoration 19, no 1 (1 janvier 2018): 24‑31, https://doi.org/10.1111/emr.12301.
[2] Aaron M. Petty, Vanessa deKoninck, et Ben Orlove, « Cleaning, Protecting, or Abating? Making Indigenous Fire Management “Work” in Northern Australia », Journal of Ethnobiology 35, no 1 (1 mars 2015): 140‑62, https://doi.org/10.2993/0278-0771-35.1.140.
[3] Joël de Rosnay, Le Macroscope: vers une vision globale (Paris, France: Éditions du Seuil, 1975).
[4] Tao Zhang, Qunfu Wu, et Zhigang Zhang, « Probable Pangolin Origin of SARS-CoV-2 Associated with the COVID-19 Outbreak », Current Biology 30, no 7 (6 avril 2020): 1346-1351.e2, https://doi.org/10.1016/j.cub.2020.03.022.
[5] Edward N. Lorenz, The essence of chaos, The Jessie and John Danz lectures (Seattle: University of Washington Press, 1993).
[6] Marc-André Selosse et Francis Hallé, Jamais seul: ces microbes qui construisent les plantes, les animaux et les civilisations (Arles, France: Actes Sud, 2017).
[7] Luc Montagnier, Les combats de la vie mieux que guérir, prévenir, éd. par Dominique Vialard (Paris: J-C Lattès, 2008).
[8] Walter Willett et al., « Food in the Anthropocene: the EAT–Lancet Commission on healthy diets from sustainable food systems », The Lancet 393, no 10170 (2 février 2019): 447‑92, https://doi.org/10.1016/S0140-6736(18)31788-4.
[9] Stéphane Hessel et Damion Searls, Indignez-Vous !, 2011.
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