Il est souvent intéressant de revenir aux racines étymologiques. Non pour le caractère docte de la démarche mais avec une réelle envie de comprendre ce qui fait parfois notre quotidien. Vous en conviendrez, le diagnostic concerne au premier chef les professionnels de la santé. Ainsi, « poser le diagnostic » est souvent le saint Graal auquel chacun de nous aspire. Or, nous allons le voir, le diagnostic n’est pas le Graal… c’est la quête !!
Et ça change tout !!!
Une première approche nous apprend que ce mot viendrait du Grec ancien diagnostikós qui signifie « capable de discerner ». On entend cette tentative de discernement chez le thérapeute parmi la somme des manifestations observables chez son patient.
Plus finement peut être, nous avons aussi la racine grecque, dia (à travers) et gnôsis (connaissance). Il s’agit bien d’un voyage à travers les connaissances, livresques, mais aussi remontant de l’expérience de chacun et confrontées aux symptômes du patient.
Autrement dit, le diagnostic n’est pas un produit fini, le bout du chemin, ni même un point du chemin. Le Diagnostic est la démarche cognitive interrogeant sens, conscience et intuition et qui conduit à la formulation d’une hypothèse. Le diagnostic est une action, une entité en mouvement en aucun cas figée en quelque endroit que ce soit. Ainsi, le thérapeute, soucieux de traiter son patient va décider de mettre en pause son diagnostic le temps d’une action correctrice sur la base de son hypothèse. Mais cette action correctrice sera suivie d’une réévaluation des symptômes et de la reprise du cheminement diagnostique. Le diagnostic est donc une démarche en perpétuel mouvement jusqu’au rééquilibrage du patient à un état de santé optimal.
Dés lors, il est surprenant de voir écrit « poser un diagnostic », comme si il s’agissait d’un objet dont nous disposerions de façon palpable et que nous serions capable de poser voire d’exposer telle une œuvre achevée . Le diagnostic ne se pose jamais, tout au plus peut-on le mettre en pause le temps d’une action de traitement. Mais cette orthographe a fait le malheur de la démarche thérapeutique. Derrière le mot « poser », il y a trop souvent quelque chose de l’ordre du « ça y est, j’ai trouvé… mon travail est fini »…
Par conséquent, il me semble honnête, nécessaire, indispensable de poursuivre notre travail au-delà de :
- « J’ai mal au dos »… Vous avez une Lombalgie
- « J’ai mal aux cervicales »… Vous avez une cervicalgie
- « J’ai mal à l’épaule »… c’est une PSH (Périarthrite Scaculo Humérale)
Cela semble évident dans le domaine des douleurs ostéo-articulaires, mais ça l’est tout autant dans d’autres secteurs… qu’est ce qui fait qu’une personne va développer une grippe par exemple alors que sa voisine ou son voisin non ? L’exposition au virus certes, mais pas uniquement … A l’instar de ce qui se passe pour les plantes, le virus « poussera » si le terrain lui est favorable. Hygiène de vie, alimentation, environnement psycho-émotionnel… tout ceci participe à la « germination » ou non de ce virus.
Alors, tâchons de nous souvenir que nous devons mettre en pause le diagnostic mais à aucun moment le poser !!
Comme le proposait Lao Tseu : « Le but n’est pas seulement le but, mais le chemin qui y conduit ».
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